Interview de Karl Lagerfeld

Interview de Karl Lagerfeld : « Non, il n’est pas Dieu » Quelques temps avant son décès, j’ai eu l’occasion de rencontrer Karl Lagerfeld, le roi de la mode. L’homme connu par tous les professionnels de la mode, aurait pu m’agacer tant l’image qu’il lui est donné semble distante, froide, hautaine ! Bref rien de tout cela !.

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A l’occasion d’un court séjour à Paris, j’ai eu l’occasion de croiser la route du Styliste de mode de la Marque Chanel, digne héritier de toute la grâce de Gabrielle Chanel, la fameuse Coco Chanel, Karl Lagerfeld en personne, dans le cadre du Salon de la Photo à Paris. J’ai donc profité de l’occasion pour lui poser quelques questions. Et c’est avec un naturel et une modestie que ce Visionnaire de la mode a répondu. Celui qu’on imagine comme intransigeant et réactif qui, à chacune de ses apparitions dans les actus People, s’est montré à l’écoute de l’assistance, particulièrement réceptive. Le dandy de Chanel enchaine les Collaborations comme les Unes des magazines avec une étrange distance. « Vous savez, c’est du Cirque médiatique, tout ça ! » avoue-t-il dans les coulisses lors de cette entrevue.

Interview de Karl Lagerfeld : « Non, je ne suis pas Dieu »

A ma grande surprise, serais-je tentée de préciser ! Digne représentant de la couture française, le créateur de mode est tout le contraire : Conscient de son statut, l’homme qui se cache derrière de grosses lunettes noires explique avec simplicité ses privilèges. « C’est sûr que c’est beaucoup plus simple de faire des photos réussies quand on a Cate Blanchett en face de soi ! Quand on est entouré des plus belles femmes du monde, des top-models, pour les rater, faudrait le faire exprès. Quand tu as la mannequin Cindy Crawford ou Naomi Campbell en face de toi, tu n’as pas droit à l’erreur. Ces filles là, ces effigies sont payées pour être belles. Et moi, pour le rendre sur papier. C’est mon job de les photographier. J’ai les meilleurs assistants qu’il se doit, des mannequins sublimes… Toutes les conditions sont réunies pour réussir la photo. N’importe quel amateur avisé pourrait la réussir ! », confie le créateur styliste mondialement reconnu.

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Sa facette de photographe de mode sophistiqué l’est un peu moins. Même si très sincèrement il maitrise à la perfection le noir et blanc. Un peu comme ses lignes de vêtements, toujours taillées près du corps qu’il imagine et dont le directeur artistique de Chanel dessine la silhouette en quelques coups de crayons. Jamais éloigné de Choupette, le chat qu’il a adopté.

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Superficiel, celui qui crée des sacs matelassés, veste en tweed, pochette en cuir, de la haute maroquinerie, des montres de luxe, des montres bijoux, de la joaillerie, des tailleurs, petite veste, des robes exceptionnelles, tailleur et autres tenues de mode peut le paraître. Sauf que lorsqu’on demande des précisions techniques sur la composition des photos, il répond sans l’ombre d’un doute : « Vous savez, quand j’ai débuté, je n’avais pas le matériel perfectionné que j’ai aujourd’hui. Je travaille plus avec une dimension historique. Ma série de photos sur Versailles provient d’une réflexion que j’ai eu après la lecture d’un livre d’illustrations qui date de la construction du lieu. J’ai voulu y retourner en conservant les angles et la vision qu’en avait eu le dessinateur de l’époque. Parce que c’est moi qui l’ai fait, on crie au génie ! Mais, une fois de plus, je n’ai aucun mérité. Je n’ai eu qu’à appeler le Ministre de la Culture pour avoir accès à Versailles. Il m’a donné une journée où le château était fermé au public et j’ai réussi mes photos. C’est comme ça le monde de l’art. Quel est le génie là-dedans ? Avoir les contacts qu’il faut, plagier les idées d’un autre ? », s’interroge-l’homme d’affaires.

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Car oui, il dévore les livres, regarde au sens noble le travail de ses amis Helmut Newton notamment, se passionne de manière fusionnelle avec les métiers de la mode et devient très vite un créateur styliste même s’il reconnaît adorer la photo. « C’est toujours agréable de regarde de beaux magazines ». Poli, il poursuit l’entretien en me vouvoyant.

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Il n’explique pas cette starification qu’il déteste et supporte de moins en moins bien. « Non mais vous le vivriez bien vous, d’être constamment photographier où que vous alliez ? » Karl Lagerfeld sourit par moment, s’amuse, change de sujet de conversation quand il souhaite…« Mon seul mérite est d’avoir du caractère. Au tout début de ma carrière, j’ai eu la chance de travailler sur un projet commercial où j’étais très exigeant en tant que styliste de mode. Les conditions de réalisation n’étaient pas très bonnes et j’avais pris du retard dans le projet. Le directeur est venu pour me passer un savon parce que je grondais les photographes qui avaient dû se plaindre. Il m’a dit que si les photos n’étaient pas bonnes, je n’avais qu’à les faire ! C’est ce que j’ai fait. Je l’ai pris au mot. Je me suis appliqué et j’ai obtenu ce que je voulais. Lui aussi « . L’horreur des photos l’indispose. Pour lui, seule la perfection de la lumière à un moment donné explique une belle photo.

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Il ne s’arrête plus, confie ses angoisses en la matière, résonne avec rapidité et réponds avec répartie. L’homme de média sait parfaitement répondre avec humour et répond avec espièglerie aux questions de l’assistance. Après une enfance stricte avec une mère et un père polyglotte, Il débute sa carrière chez comme illustrateur de mode et s’installe en 1954 à Paris. Premier prix du concours du « Secrétariat international de la laine », organisé par la marque Woolmark, ex-æquo avec Yves Saint-Laurent, il est embauché par Pierre Balmain qui le repère. Il incarne alors ce qui se fait de mieux dans la haute couture parisienne et se lance dans les défilés Chanel. Toujours avec Choupette et son côté graphique qui saute à l’œil.

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Créateur audacieux, il sent les Tendances de mode comme d’autres la dessinent. Ses créations pour les femmes prennent alors forme pour la maison Chanel pour les collections capsules Avec intelligence, il apporte au Prêt à porter une touche de luxe au fil de ses collaborations. Puis le couturier lance sa propre marque de luxe éponyme avec sa maison de couture. Aujourd’hui, il cumule les casquettes et les défilés présentant ses collections haute couture dans le monde entier à l’occasion de fashion-week.

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Il signe également des campagnes publicitaires énormes, des collections haute couture, des accessoires de mode, de la superbe maroquinerie, de la joaillerie et même des montres de luxe… Avec la même passion pour le détail et le travail bien fait pour un défilé Chanel Il travaille déjà sur sa prochaine collection mode du défilé Chanel : robe courte, robe longue, espadrille, manteaux, sac bandoulière, sneakers, blouse, fourrure, blazer et autres créations dont lui seul a le secret.

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Il n’hésite pas à confier ses coups de cœur du monde des stars de cinéma et à vous parler de sa chatte de renommée internationale qui répond au doux nom de choupette. Celui qui ose parfois critiquer ouvertement un comportement s’avère être très doux dans sa manière de parler. Pourquoi la mode féminine ? Et non la mode masculine ? « C’est beaucoup plus intéressant que la mode masculine. Tout simplement », martèle-t-il.

Entouré par ses sbires, Karl Lagerfeld veut pourtant rester accessible. Une jeune femme en larme veut alors lui remettre un présent. D’abord repoussée par l’assistant personnel du célèbre styliste de Chanel, la maison de haute couture, elle accède à celui qu’elle vénère en pleurs. Il prend alors même la peine de lui dire qu’il n’est qu’un homme et que la vénération ne sert à rien en recevant le cadeau de son admiratrice. Karl n’est pas Dieu ! Instrumentalisation de la communication peut-être pourtant, il semble sincère. Puis il se prête au jeu des questions et réponses. Comme quoi, on peut encore croire l’instant de quelques secondes à des rencontres bouleversantes. C’est assurément l’un des plus grands couturiers au monde et le grand couturier a réussi à inspirer toute une génération de créateurs de mode ! Rykiel, Gaultier, Margiela, Mcqueen, Schiaparelli, Alaïa, Galliano en sont la plus belle illustration parmi ses collègues..

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Esprit vif, Karl ne connaît ni tabous. Le grand créateur de mode décédé en 2019 ne perdra jamais rien de la verve qui a fait de lui une figure culte de la mode et une véritable icône de la pop. Dans une interview exclusive qu’il nous avait accordé, il livre son point de vue sans langue de bois et avec son style indémodable. Il dégaine son appareil photo comme d’autres signeraient un chèque. « C’est un privilège de pouvoir photographier le monde. » Celui qui court le monde d’un côté à l’autre s’empresse alors de ranger son appareil photo avant de répondre aux questions avec intelligence.

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Il souligne alors l’aspect marketing qu’il ne supporte plus, ce côté commercial omniprésent en caressant encore une fois Choupette. A sa droite, un sac duquel sort quelques exemplaires du livre de sa chatte Choupette conçu par le géant de l’édition, Patrick Mauriès, auteur du culte Second Manifeste camp et et Jean-Christophe Napias.