‘Sillonner le Canada par la route, c’est s’immerger dans une symphonie de paysages grandioses, où chaque virage dévoile une nouvelle merveille naturelle. Des autoroutes polaires aux routes côtières en passant par les forêts pluviales, le voyageur est invité à une odyssée au cœur de l’une des dernières frontières sauvages de notre planète.

Le Canada offre cette rare opportunité de parcourir des routes infinies, impeccablement entretenues, qui serpentent à travers des étendues vierges et préservées. Au volant, on longe des glaciers majestueux, on traverse des forêts peuplées d’une faune impressionnante, on escalade les pentes escarpées des Rocheuses et on découvre des littoraux sculptés par les tempêtes, où les vagues de l’océan sont le théâtre des migrations de cétacés. Pour les âmes aventureuses, la Dempster Highway se présente comme un défi exaltant : cette route praticable toute l’année s’étire depuis les étendues boréales, franchit le cercle arctique et atteint les rivages austères du pôle.
Dans ce vaste pays, les road trips ne se mesurent pas en kilomètres, mais en moments d’émerveillement comme à Mississauga ou au quebec . Le Canada, avec sa deuxième plus longue route nationale au monde, invite à la lenteur, à la contemplation. Chaque province et territoire, de la Colombie-Britannique au Yukon, offre une mosaïque d’expériences : randonnées en montagne, baignades dans des lacs isolés, descentes en canoë sur des rapides tumultueux ou balades à vélo dans l’immensité des ciels ouverts. En Nouvelle-Écosse, les phares ancestraux guident les voyageurs vers des villages côtiers pittoresques, où les auberges servent des chaudrées de fruits de mer préparées selon des recettes transmises de génération en génération, dans une ambiance où résonnent encore les accents du français acadien et les échos du gaélique écossais.
Pour atteindre les recoins les plus inaccessibles, là où ni la route ni le sentier ne mènent, le Canada propose une myriade d’options combinant vol et conduite. En Colombie-Britannique, les hydravions survolent les forêts pluviales tempérées et les côtes déchiquetées, se posant délicatement sur des lacs isolés pour des instants privilégiés d’observation de la faune. Au Yukon, de petits avions d’excursion dévoilent des panoramas époustouflants, notamment le parc national de Kluane, abritant les plus vastes champs de glace non polaires du globe.
Les camping-cars et véhicules récréatifs connaissent également un engouement certain, offrant la liberté d’emporter son chez-soi là où l’hébergement se fait rare. Les campings, disséminés à travers les provinces et territoires, fournissent les commodités essentielles telles que l’électricité et l’eau, que ce soit à bord d’un véhicule, sous une tente préinstallée dans un parc national ou simplement à la belle étoile, est une expérience en soi. Les nuits, exemptes de toute pollution lumineuse, dévoilent un ciel étoilé d’une pureté rare, parfois illuminé par le soleil de minuit ou par les danses envoûtantes des aurores boréales, selon la saison et la latitude.
Itinéraire 1 : Colombie-Britannique
Départ : Vancouver | Arrivée : Tofino
Distance : 660 km | Durée : 7 à 10 jours
La Colombie-Britannique, perle de la côte ouest canadienne, est un véritable sanctuaire pour les amoureux de la nature sauvage. Ici, les plages jonchées de bois flotté côtoient des forêts ancestrales où des cèdres géants s’élèvent tels des cathédrales végétales, instaurant une atmosphère empreinte de sérénité et de respect. C’est dans ces contrées que l’on peut croiser certaines des créatures les plus emblématiques de notre planète : des grizzlis imposants, des ours noirs furtifs, des couguars discrets et même des loups côtiers insaisissables, arpentant les rivages à la recherche des trésors que l’océan leur offre.
Pour plonger au cœur de cette nature brute, le voyage débute à Vancouver, métropole scintillante lovée entre montagnes et océan. Les hydravions y bourdonnent dans le ciel tel un essaim d’abeilles au-dessus d’une ruche animée. Au sein de Stanley Park, entre totems ancestraux et gratte-ciel modernes, la ville dévoile une scène gastronomique effervescente, où l’innovation culinaire se marie aux produits locaux d’une richesse inouïe.
Après avoir savouré les délices urbains, il est temps de prendre la route Sea to Sky, une voie sinueuse qui s’élève depuis les rivages de Vancouver, bordée d’un côté par des parois rocheuses vertigineuses, de l’autre par l’immensité pacifique, et devant soi, un horizon infini. Cette route mène à Whistler, station de ski renommée et paradis des randonneurs, où l’on peut découvrir le Whistler Train Wreck, un site où les vestiges d’un accident ferroviaire ont été transformés en une galerie d’art à ciel ouvert, ornée de graffitis colorés. Les crépuscules y sont propices à l’observation des ours noirs, qui émergent timidement de la pénombre.
La traversée en ferry du détroit de Georgia conduit ensuite à l’île de Vancouver, où la ville de Nanaimo accueille les voyageurs avec sa célèbre douceur sucrée, la barre Nanaimo, un délice composé de miettes de noix de coco, d’une onctueuse crème à la vanille et d’un glaçage au chocolat fondant. Un sentier gourmand permet d’en découvrir toutes les variantes, pour le plus grand plaisir des papilles.
En poursuivant vers l’ouest, la route traverse Cathedral Grove, nichée au cœur du parc provincial MacMillan. Là, les cèdres et sapins centenaires veillent dans un silence sacré. Leurs troncs massifs, tapissés de mousse et de lichens, forment un monde suspendu entre la terre et le ciel. Marcher ici, c’est effleurer l’intemporalité. Chaque pas sur le tapis d’aiguilles est un murmure adressé à la forêt. On ralentit, on respire, on écoute.
La route se poursuit jusqu’au Pacific Rim National Park Reserve, territoire sauvage, où la forêt pluviale s’étire en doigts effilés jusqu’à l’océan Pacifique. Sur Long Beach, les surfeurs affrontent les vagues dans une chorégraphie d’écume et de vent, tandis que les observateurs patients espèrent entrevoir les silhouettes furtives des loups côtiers, ces fantômes de la nature.
Le voyage s’achève à Tofino, havre paisible à l’atmosphère bohème, posé à la lisière du monde. Galeries d’art autochtone, cabanes de surfeurs et cafés au charme brut se partagent l’espace entre océan et forêt. C’est ici que le voyage ralentit jusqu’à s’évanouir dans le murmure des vagues. Le Long Beach Lodge Resort, dissimulé dans les épinettes, offre une dernière halte en harmonie avec les éléments.
Itinéraire 2 : Le Yukon et la Dempster Highway
Départ : Whitehorse | Arrivée : Cercle Arctique
Distance : 975 km | Durée : 7 à 10 jours
Si la Colombie-Britannique est un écrin de verdure, le Yukon évoque les confins d’un autre monde. Immense, indompté, silencieux. Ici, le souffle des pionniers plane encore sur les vallées boréales et les villes de la ruée vers l’or. Ce territoire, trois fois grand comme l’Angleterre, compte davantage d’animaux que d’habitants.
Le périple commence à Whitehorse, capitale du Yukon, née sur les rives tumultueuses du fleuve Yukon. Artisanats locaux, torréfacteurs passionnés et musées évoquant la ruée vers l’or composent le cœur vivant de cette ville étonnamment vibrante. Sur les quais, le S.S. Klondike, vieux bateau à aubes reconverti en musée, raconte les rêves d’une époque dévorée par l’or.
La route file ensuite vers le nord, jusqu’à Dawson City, vestige intact du Far West. Le goudron s’interrompt parfois pour laisser place à la terre battue. Le paysage devient rude, ponctué de lacs miroitants et de forêts denses. À Dawson, le passé n’est jamais loin. Les façades de bois, les théâtres anciens, les saloons d’un autre temps rappellent Jack London et les fièvres de l’or. Dans un coin de bar, le Sourtoe Cocktail attend les plus téméraires : un doigt de pied humain préservé flotte dans un verre d’alcool fort. Tradition macabre, héritée de l’histoire locale.
Au-delà, commence la Dempster Highway, seule route publique canadienne à franchir le cercle arctique. Direction : le nord absolu. On traverse le parc territorial de Tombstone, surnommé la « Patagonie du Nord », décor de montagnes aux crêtes acérées, de lacs glaciaires et de sentiers solitaires. Chaque virage dévoile une nouvelle fresque naturelle.
À Eagle Plains, unique halte dans cette immensité, on retrouve chaleur et réconfort autour d’un burger arctique et de récits de voyageurs. À l’aube, la route reprend, grimpe doucement, jusqu’à atteindre le cercle arctique. Un simple panneau de bois signale ce passage symbolique. L’air est plus vif, le silence plus épais. L’été, le soleil ne se couche plus ; l’automne, les montagnes embrasent le paysage de rouge et d’or. Ceux qui veulent pousser jusqu’à Inuvik devront encore rouler six heures, et trois de plus pour rejoindre l’océan Arctique.
Le littoral de Nouvelle-Écosse : entre phares et homards
Sur la côte sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, la route épouse l’Atlantique dans une suite de courbes douces et de villages figés dans le sel et le vent. Là, les phares veillent comme des sentinelles d’un autre siècle.
À l’approche de Peggy’s Cove, son phare émerge du roc comme un pion géant posé sur l’échiquier de granite. Autour, les maisons basses, les quais en bois et les bateaux de pêche composent une carte postale vivante du monde maritime.
Le voyage suit les sinuosités de la côte jusqu’à Lunenburg, ville classee à l’UNESCO. Autrefois riche de sa morue salée, elle perpétue son héritage dans l’architecture, la gastronomie et les récits de marins. Les toits mansardés, les fenêtres hublots, les frises dentelées évoquent une opulence marine aujourd’hui assoupie. Mais le port reste vibrant, notamment grâce au Nellie Row, premier équipage entièrement féminin du pays.
Plus loin, à Barrington, le ton change : moins de visiteurs, plus d’authenticité. Ici, les casiers à homards s’empilent dans les jardins, les filets sèchent au vent. Le musée local vous apprend à attacher un crustacé avec un pistolet à élastiques – une initiation pleine d’humour. On y tisse aussi des étoffes aux couleurs de la mer, du homard et des disparus. Un tartan moderne, hommage textile à la mémoire maritime.
Sur l’île de Cape Sable, tout au sud, la route se termine dans un décor minimaliste : plage de galets, bois flotté, océan étale. En ligne d’horizon, le phare de Cape Sable, ultime vigie, se dresse comme un cornet de glace oublié. Le voyage s’achève dans ce souffle de sel et de lumière, le regard perdu vers le large.
Quelques repères pour prendre la route au Canada
Conduire au Canada ne requiert pas de permis spécial pour les détenteurs d’un permis européen ou britannique, mais il est conseillé de se renseigner selon les provinces. En hiver, notamment dans le nord ou montreal, il est essentiel d’opter pour un véhicule équipé de pneus neige, voire de chaînes. Certains véhicules disposent même d’un système de chauffage moteur intégré pour les températures extrêmes.
À l’intersection des routes, mieux vaut connaître les règles locales : au feu rouge, il est souvent autorisé de tourner à droite après un arrêt complet, sauf indication contraire. Les carrefours à quatre stops obéissent à une règle simple : premier arrivé, premier reparti. Sinon, priorité à droite.
Enfin, la prudence est de mise sur ces routes parfois désertes. Il faut toujours prévoir suffisamment de carburant, de nourriture et d’eau. Dans les régions reculées, un téléphone satellite peut s’avérer utile, surtout en cas de crevaison ou de rencontre nocturne avec un élan, un ours ou un loup sur la chaussée.
Rencontres sauvages : repérer la faune canadienne
Il faut parfois savoir patienter. Ou se taire. Ou simplement avoir la chance de tomber au bon moment. Car au Canada, la faune n’est pas une attraction de bord de route. Elle se mérite. Elle s’invite sans prévenir, dans la lumière dorée d’un matin ou à la tombée du jour, quand le silence devient total et que l’on n’est plus qu’un souffle dans l’immensité.
Les ours règnent ici, en rois discrets. Le grizzli impressionne, massif et solitaire, souvent visible en Colombie-Britannique, dans la région préservée de la Great Bear Rainforest. Son cousin, l’ours noir, plus timide, se rencontre dans presque toutes les provinces. Mais c’est dans le nord du Manitoba, à Churchill, que le roi des glaces, l’ours polaire, apparaît entre octobre et novembre, silhouette spectrale sur les terres gelées. Et puis, dans certaines forêts humides de la Colombie-Britannique, une légende marche doucement : l’ours esprit, à la fourrure crème. Une rareté génétique, un totem vivant, sacré pour les peuples autochtones.
Les ours, eux, vivent dans l’ombre. Insaisissables, souvent invisibles. Ils parcourent les grands espaces du Labrador, de la Colombie-Britannique, du Yukon. Parfois, un indice : une empreinte plus grande qu’une main, tracée dans la boue. Sur la côte Pacifique, ils sont devenus pêcheurs. Des loups marins, littéralement. Le Pacific Rim National Park en abrite quelques-uns, maîtres du camouflage et du silence.
Dans les cimes, un autre emblème : le pygargue à tête blanche, aigle majestueux, sentinelle de l’Amérique du Nord. Une tache blanche dans un océan d’épinettes, un bec jaune qui brille sous le soleil. Présents sur toutes les côtes, ils planent au-dessus des rivières, attendant leur proie. Les habitants, eux, ne les regardent plus. Ils font partie du paysage.
Et puis, il y a la mer. Vaste, vivante, pleine de mystères. Plus de trente espèces de baleines longent les côtes du pays. Les belugas dans les eaux froides du Manitoba, si théâtrales, en Colombie-Britannique. Les narvals, licornes des mers, croisent au large du Nunavut. Et le ballet des orques des rorquals, des cachalots ou même du grand bleu dans les eaux du Québec, de la Nouvelle-Écosse ou de Terre-Neuve, fait frissonner les plus blasés.
Enfin, le roi discret des forêts : l’orignal, ou élan. Immense et pourtant silencieux. Il se cache dans les zones humides, à la lisière des rivières, surgit parfois dans un craquement de branches. En Ontario, le parc Algonquin est un bon poste d’observation. Encore faut-il être plus attentif qu’un chasseur.
Ici, la faune est souveraine. Le voyageur, lui, est invité à ouvrir les yeux, à ralentir, à écouter.
La Transcanadienne, en quelques chiffres
S’il existe un fil rouge traversant le Canada d’ouest en est, c’est bien la Transcanadienne, cette autoroute mythique qui relie l’île de Vancouver à Terre-Neuve, comme un trait d’union entre les océans.
Elle mesure, une veine d’asphalte qui court d’un rivage à l’autre, traversant neuf provinces, des Rocheuses à la toundra, des grandes plaines aux forêts boréales.
Sa construction a commencé dans les années 1950. Elle est officiellement inaugurée en 1962, mais il faudra attendre 1977 pour que toutes ses sections soient achevées.
Son point culminant ? Le col Kicking Horse, perché à 1 627 mètres d’altitude dans les Rocheuses, là où la route tutoie les cieux et les sommets enneigés.
Elle traverse aussi le pont de la Confédcération, long de 13 kilomètres, reliant l’île du Prince-Édouard au continent. Une prouesse d’ingénierie qui survole les eaux gelées de l’Atlantique.
Mais ce n’est pas qu’une simple route. C’est aussi un geste écologique. En 2012, la Transcanadienne devient la plus longue autoroute au monde à être /pour les véhicules électriques, grâce à l’installation de bornes de recharge sur tout son parcours.
Elle est également un exemple de cohabitation avec la faune. Dans le parc national de Banff, 44 corridors de passage – ponts et tunnels – permettent aux animaux de franchir la route sans danger. Une innovation essentielle dans un pays où les routes croisent la vie sauvage à chaque détour.